Amnesty International Accuse la Technologie Militaire Française d’Être Utilisée dans la Guerre Civile du Soudan
Amnesty International a rapporté que la technologie militaire fabriquée en France, intégrée dans des véhicules blindés (APC) fabriqués par les Émirats arabes unis (EAU), est utilisée dans la guerre civile en cours au Soudan, ce qui pourrait constituer une violation de l’embargo sur les armes de l’ONU.
Dans un rapport publié jeudi, Amnesty International a révélé qu’elle avait détecté la présence de ces véhicules blindés au Soudan dès juillet 2023. Cette découverte faisait suite à une enquête plus large ayant identifié un flux continu d’armements en provenance de plusieurs pays, dont la Chine, la Russie, la Serbie, la Turquie, les Émirats arabes unis et le Yémen. Ces armes, dont les APC, ont été transportées vers la région du Darfour, qui est l’un des principaux champs de bataille dans l’ouest du Soudan.
Les recherches d’Amnesty ont révélé que les APC sont équipés de systèmes de défense réactifs sophistiqués, conçus et fabriqués en France. Les véhicules, actuellement utilisés par le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF), sont équipés du système de défense Galix fabriqué en France. Cette technologie est spécifiquement conçue pour protéger les véhicules terrestres en déployant des contre-mesures, telles que des leurres, de la fumée et des projectiles, lorsqu’ils sont confrontés à des menaces à courte portée.
Le rapport indique que les véhicules blindés ont été fabriqués par le groupe Edge, basé aux Émirats arabes unis. Ces véhicules ont été repérés sur les réseaux sociaux dans des images montrant des APC capturés ou détruits par l’armée soudanaise. Amnesty International a confirmé la présence du système de défense Galix à partir de ces images.
Le conflit civil au Soudan a éclaté en avril 2023 entre l’armée soudanaise et les RSF après que les tensions se sont intensifiées entre le général Abdel Fattah al-Burhan, le chef de l’armée soudanaise, et le général Mohamed Hamdan Dagalo, le chef des RSF. Les deux généraux étaient des alliés lors du coup d’État de 2021 qui a renversé le gouvernement civil, mettant fin à la transition du pays vers la démocratie après la destitution du long dirigeant Omar al-Bashir en 2019.
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré que l’utilisation de la technologie française au Darfour constituerait une violation flagrante de l’embargo sur les armes de l’ONU à l’encontre du Soudan. Elle a exhorté la France à veiller à ce que les fabricants du système Galix cessent immédiatement leur approvisionnement aux entreprises des Émirats arabes unis impliquées dans la production de ces APC.
Dans sa déclaration, Callamard a appelé la communauté internationale à cesser immédiatement toutes les fournitures d’armements et de munitions, directes ou indirectes, aux parties belligérantes du Soudan. Elle a souligné que la communauté mondiale doit respecter et appliquer l’embargo sur les armes du Conseil de sécurité de l’ONU concernant le Darfour afin d’éviter la perte de davantage de vies civiles.
L’embargo sur les armes de l’ONU à l’égard du Soudan fait partie d’un régime de sanctions plus large, comprenant des gels d’avoirs et des interdictions de voyage. Ces sanctions ont été imposées en réponse aux violations systématiques des droits humains commises par les RSF et les Forces armées soudanaises contre la population du Darfour. Le conflit, qui a causé une violence généralisée et des souffrances civiles, suscite des préoccupations mondiales et des appels à une intervention immédiate pour protéger les droits humains et mettre fin à l’effusion de sang.
Le rapport d’Amnesty International met en lumière le flux continu d’armements au Soudan, soulevant de graves préoccupations concernant le respect de l’embargo sur les armes par la communauté internationale. L’utilisation de la technologie militaire fabriquée en France dans la guerre civile au Soudan souligne l’importance de veiller à ce que tous les pays respectent le droit international et ne contribuent pas à la violence en cours.
Cet article a été publié à l’origine sur voanews.com