L’OMS face à une crise budgétaire majeure après le retrait des États-Unis

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est confrontée à une crise financière sans précédent, provoquée par le retrait des États-Unis de l’organisation et la suspension de ses contributions financières. Ce coup dur fragilise le budget de l’OMS, qui doit désormais gérer un déficit colossal tout en poursuivant ses missions vitales de santé publique mondiale. Cette situation soulève de nombreuses inquiétudes quant à la capacité de l’OMS à répondre efficacement aux futures pandémies et aux urgences sanitaires.

Une crise budgétaire aggravée par le retrait américain

Un déficit colossal

Pour la période budgétaire 2026-2027, l’OMS avait initialement prévu un budget de 5,3 milliards de dollars. Cependant, en raison des restrictions de financement, ce montant a été réduit à 4,2 milliards, laissant un déficit de 1,7 milliard de dollars. Pour les années 2024-2025, le déficit est tout aussi alarmant, avec près de 1,9 milliard de dollars manquants sur un budget prévu de 4,2 milliards, auxquels s’ajoute un déficit supplémentaire de 600 millions de dollars attendu d’ici la fin de 2025.

L’impact du retrait des États-Unis

Le retrait des États-Unis, qui représente historiquement l’un des plus gros contributeurs financiers de l’OMS, a entraîné l’arrêt immédiat de plusieurs accords de contribution volontaire, avec une perte de 259 millions de dollars répartis entre les programmes de base et les opérations d’urgence. Les contributions évaluées des États-Unis pour 2024-2025 sont passées de 1,148 milliard à 887 millions de dollars, creusant davantage le déficit.

Ce retrait s’inscrit dans la continuité de la décision annoncée par l’ancien président Donald Trump, qui avait initié le processus de sortie un an auparavant. La nouvelle administration américaine a également suspendu la quasi-totalité de son aide étrangère, notamment dans le domaine de la santé mondiale.

Mesures d’austérité et conséquences opérationnelles

Réduction des coûts et économies

Face à cette situation, l’OMS a mis en place plusieurs mesures de réduction des coûts, qui devraient permettre d’économiser environ 148 millions de dollars en 2025. Ces mesures comprennent des restrictions sur les déplacements (économies estimées à 70 millions), des gels des achats (20 millions), la renégociation de contrats (16 millions), ainsi que des réductions d’effectifs via des départs à la retraite non remplacés et des départs volontaires anticipés.

Menaces sur les programmes de santé mondiaux

Malgré ces efforts, l’OMS prévoit un déficit opérationnel de 581 millions de dollars, mettant en péril le financement des salaires et des activités essentielles. Ce manque de ressources pourrait compromettre la capacité de l’organisation à gérer les crises sanitaires, notamment dans les zones à risque comme Gaza, où une récente épidémie de poliomyélite nécessite une surveillance accrue.

Réactions internationales et enjeux politiques

Appel à la solidarité mondiale

Lors de l’ouverture de l’Assemblée mondiale de la santé, le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lancé un appel vibrant aux États membres pour soutenir un nouvel accord sur les pandémies. Ce traité, négocié pendant plus de trois ans, vise à renforcer la surveillance mondiale, la prévention et la distribution équitable des vaccins en cas de crise sanitaire majeure.

Absences remarquées et tensions diplomatiques

L’Assemblée mondiale de la santé, qui se tient jusqu’au 27 mai 2025, a été marquée par l’absence notable des délégations des États-Unis et de l’Argentine. Ces absences symbolisent les tensions croissantes autour du rôle de l’OMS et des financements internationaux. Le retrait américain affaiblit non seulement l’organisation, mais aussi l’influence des États-Unis au sein des Nations unies et dans la coopération humanitaire mondiale.

Réduction des aides humanitaires américaines

Parallèlement à son retrait de l’OMS, les États-Unis ont réduit de manière drastique leur aide humanitaire et sanitaire à l’échelle mondiale. Parmi les coupes budgétaires figurent 529 millions de dollars en aides vitales et 500 millions de dollars retirés du programme UNAIDS, impactant les efforts de prévention et de traitement du VIH. Ces réductions affectent également la coordination sanitaire dans des zones sensibles comme Gaza.

Perspectives et défis pour l’OMS

L’Organisation mondiale de la santé se trouve à un tournant critique. Le retrait américain et la baisse des financements menacent son rôle central dans la gestion des crises sanitaires mondiales. Malgré les mesures d’austérité, l’OMS doit impérativement mobiliser le soutien des autres États membres pour combler ses déficits et assurer la continuité de ses programmes.

Le nouveau traité sur les pandémies représente une étape majeure pour renforcer la coopération internationale, mais son succès dépendra de l’engagement financier et politique des grandes puissances. La question reste ouverte : l’OMS pourra-t-elle surmonter cette crise budgétaire et préserver son rôle indispensable dans la santé mondiale ?

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