La Cour suprême sénégalaise invalide l’éligibilité présidentielle de Sonko

“Le tribunal annule et annule la décision du tribunal de Ziguinchor du 12 octobre et renvoie l’affaire devant le tribunal de grande instance de Dakar” pour un nouveau procès, a déclaré le président du tribunal, Ali Cire Ba, dans le dernier rebondissement d’une longue bataille judiciaire.

Le mois dernier, un tribunal de Ziguinchor, la ville du sud dont Sonko est maire, avait annulé la radiation de Sonko des listes électorales.

L’État avait fait appel de la décision du tribunal inférieur.

“Cette décision ne nous convient pas. L’affaire va être rejugée mais les parrainages vont bientôt prendre fin”, a déclaré vendredi à l’AFP Babacar Ndiaye, l’un des avocats de Sonko.

L’obtention de parrainages est une étape essentielle pour les candidats à la présidentielle.

“La décision est décevante”, a ajouté Bamba Cissé, un autre avocat de Sonko.

Sonko, 49 ans, a été reconnu coupable par contumace le 1er juin de corruption morale d’un jeune et condamné à deux ans de prison.

Il a dénoncé le procès comme un complot visant à l’exclure des élections.

Fin juillet, il a été arrêté pour d’autres chefs d’accusation, notamment de fomentation d’insurrection, d’association criminelle avec un groupe terroriste et de mise en danger de la sécurité de l’État.

Depuis, il fait régulièrement des grèves de la faim.

La Cour suprême n’a pas annoncé de date pour son nouveau procès.

Revers de la CEDEAO


Le ministère de l’Intérieur a jusqu’à présent refusé de délivrer à Sonko les formulaires officiels lui permettant de collecter des parrainages, arguant que la décision du juge de Ziguinchor n’était pas définitive.

Plus tôt vendredi, un tribunal régional d’Afrique de l’Ouest a également porté un sérieux revers aux chances électorales de Sonko.

Le tribunal de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest à Abuja, la capitale du Nigeria, a déclaré que “l’État du Sénégal n’a violé aucun des droits (de Sonko)”.

Les avocats de Sonko, qui a terminé troisième à l’élection présidentielle de 2019, ont porté son cas devant le tribunal de la CEDEAO pour contester sa radiation des listes électorales suite à sa condamnation en juin.

Cette radiation a rendu l’homme politique incendiaire de 49 ans inéligible à l’élection présidentielle sénégalaise de février 2024.

“La Cour de justice de la CEDEAO donne le feu vert (au président sénégalais) Macky Sall pour détruire son adversaire”, a déclaré Juan Branco, l’un des avocats de Sonko, sur les réseaux sociaux.

L’audience s’est ouverte vendredi à Dakar, la capitale du Sénégal, sous une forte présence policière, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des avocats des deux camps ainsi que des militants de l’opposition étaient présents dans la salle d’audience.

Appel à « résister »


Sonko, une épine politique dans le pied de Sall, a été confronté à une série de déboires judiciaires au cours des deux dernières années et demie.

La condamnation de cette année pour des allégations de corruption morale a déclenché les affrontements les plus meurtriers que ce pays d’Afrique de l’Ouest ait connu depuis des années.

Lui et ses avocats affirment que ces poursuites judiciaires font partie d’un complot visant à torpiller sa carrière politique.

Il est particulièrement populaire parmi les Sénégalais de moins de 20 ans, qui représentent la moitié de la population, pour sa rhétorique panafricaniste et sa position dure à l’égard de l’ancienne puissance coloniale française.

Jeudi soir, Sonko a appelé la population à “résister”, affirmant que “le destin de la nation” était en jeu.

“Nous devons défendre une justice juste, libre et indépendante, pour le droit de vivre dans un pays sans craindre d’être arrêté et emprisonné sans justification”, a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Cet article est initialement publié sur .france24.com

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