Commission française vise à éliminer prescription des violences sexuelles infantiles

Une commission française chargée d’examiner les violences sexuelles contre les enfants a appelé vendredi à supprimer tous les délais de poursuite contre les personnes soupçonnées de viols ou d’agressions sexuelles sur mineurs.

La Commission indépendante sur l’inceste et la violence sexuelle contre les enfants, connue sous son acronyme français CIIVISE, a également recommandé de définir les abus sexuels sur enfants comme un délit distinct en vertu de la loi lorsqu’ils se produisent au sein des familles.

En France, le délai de prescription pour les crimes sexuels contre les enfants est de 30 ans à partir du moment où la victime devient légalement adulte à l’âge de 18 ans. La commission a déclaré dans un rapport publié vendredi que la suppression de ce délai est nécessaire car il peut s’écouler des décennies avant que les victimes puissent parler haut.

La commission d’experts indépendants a été créée il y a deux ans après que des accusations de maltraitance d’enfants impliquant un éminent expert politique français ont déclenché une campagne massive sur les réseaux sociaux au cours de laquelle des centaines de personnes ont partagé des récits sur la façon dont elles avaient été abusées sexuellement lorsqu’elles étaient enfants.

Chaque année, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles en France, selon les conclusions du rapport. Ses conclusions et recommandations s’appuient sur 27 000 témoignages de victimes analysés par des experts pendant deux ans.

En moyenne, les victimes citées dans le rapport avaient 8 ans au début des abus sexuels, et 80 % d’entre elles ont été agressées par un membre de la famille. Le délai de prescription actuel empêche les trois quarts de ces survivants de demander justice devant les tribunaux, indique le rapport.

En français, le mot « inceste » est largement utilisé pour désigner tout acte sexuel entre membres d’une même famille, y compris les abus envers les enfants, les beaux-enfants et les frères et sœurs plus jeunes.

Les accusations portées en 2021 contre le politologue Olivier Duhamel ont lancé un débat sur la réponse de la France à la maltraitance des enfants au sein des familles. Un livre écrit par la belle-fille de Duhamel, Camille Kouchner, l’accuse d’avoir abusé de son frère jumeau à la fin des années 1980, alors que les frères et sœurs avaient 13 ans.

Jusqu’en 2021, le droit français acceptait la possibilité qu’un mineur soit capable de consentir à des relations sexuelles, conduisant à des cas dans lesquels des adultes reconnus coupables d’agression sexuelle étaient condamnés à des peines de prison plus légères que s’ils avaient été poursuivis pour viol.

L’agression sexuelle est passible d’une peine maximale de 10 ans de prison et d’une amende de 150 000 euros (163 000 dollars), tandis que le viol est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.

Le gouvernement français a finalement proposé une loi stipulant qu’un enfant de moins de 15 ans ne peut pas consentir à des relations sexuelles avec un adulte, comblant ainsi ce vide juridique.

Certains groupes de protection de l’enfance souhaitent toujours que le viol soit érigé en infraction pénale. De nombreux militants ont également plaidé pour la suppression du délai de prescription en cas d’agression sexuelle ou de viol d’enfant.

L’Organisation mondiale de la santé affirme que des études internationales montrent qu’une femme sur cinq et un homme sur 13 déclarent avoir été abusés sexuellement avant l’âge de 18 ans alors qu’ils étaient enfants. Les experts affirment que les abus sexuels sont susceptibles d’être sous-estimés dans le secret qui entoure souvent le sujet.

Cet article est initialement publié sur myjournalcourier.com

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