VPN en France : Ordonnance historique pour bloquer les sites de streaming sportif illégal
La justice française a rendu une décision sans précédent en ordonnant à cinq fournisseurs majeurs de VPN de bloquer l’accès à plus de 200 sites de streaming sportif illégal. Cette mesure vise à protéger les droits exclusifs de diffusion détenus par Canal+ sur des compétitions majeures comme la Ligue 1, la Premier League ou la Ligue des Champions. Cette ordonnance marque une étape cruciale dans la lutte contre la piraterie numérique en France et pourrait inspirer d’autres pays confrontés à ce fléau.
Une ordonnance judiciaire inédite contre les sites de streaming illégal
Le 15 mai 2025, le tribunal judiciaire de Paris a imposé à NordVPN, Proton VPN, CyberGhost, Surfshark et ExpressVPN de bloquer l’accès à 203 noms de domaine identifiés comme des plateformes diffusant illégalement des matchs de football et de rugby. Parmi les compétitions concernées figurent la UEFA Champions League, la Premier League anglaise, la Ligue 1 et la Ligue 2 françaises, ainsi que le championnat de rugby Top 14.
Cette décision intervient dans un contexte où Canal+ détient les droits exclusifs de diffusion de ces événements en France. La justice a qualifié pour la première fois les fournisseurs de VPN comme des intermédiaires techniques responsables, leur imposant ainsi une obligation de coopération pour limiter la propagation de contenus piratés.
Les fournisseurs de VPN ont reçu un délai très court, de seulement trois jours, pour mettre en œuvre ces blocages, une échéance fixée au 18 ou 19 mai 2025. Cette rapidité témoigne de l’urgence accordée à la lutte contre la piraterie sportive.
Canal+ et la lutte acharnée contre la piraterie
Canal+ mène depuis plusieurs années une politique judiciaire très active contre la diffusion illégale de contenus sportifs. En 2024, le groupe a déjà obtenu le blocage de plus de 1 300 noms de domaine en France, ciblant principalement des sites pirates et des services IPTV non autorisés.
Cette nouvelle ordonnance étend la responsabilité aux VPN, qui jusqu’ici étaient peu concernés par ces mesures. Canal+ considère cette décision comme un « jalon majeur » dans la protection de ses contenus et une avancée juridique importante.
« Cette décision envoie un message fort sur la responsabilité des fournisseurs de VPN dans la lutte contre la piraterie », a déclaré un porte-parole de Canal+. Le groupe réaffirme son engagement à poursuivre toutes les voies légales pour défendre ses droits.
Réactions des acteurs du sport et des fournisseurs de VPN
La Ligue de Football Professionnel (LFP) a salué cette décision, la qualifiant de première en France et dans le monde. Elle souligne que les VPN sont souvent utilisés pour contourner les blocages traditionnels et accéder aux flux piratés, ce qui nuit gravement aux droits des diffuseurs et aux revenus des clubs.
« Cette ordonnance constitue une avancée majeure dans la lutte contre le piratage des compétitions de Ligue 1 et Ligue 2 », a indiqué la LFP, qui espère que cette mesure contribuera à réduire le phénomène.
Du côté des fournisseurs de VPN, la réaction est plus nuancée. NordVPN, par exemple, reconnaît la décision de justice mais exprime des inquiétudes quant aux impacts sur la vie privée et la sécurité numérique des utilisateurs français.
« Nous cherchons un équilibre entre le respect des lois et la protection des libertés numériques », a précisé un représentant de NordVPN, qui pourrait envisager des recours juridiques.
Cette ordonnance soulève en effet un débat plus large sur la place des VPN, souvent perçus comme des outils de protection de la vie privée, mais aussi parfois détournés pour accéder à des contenus illicites.
Vers un modèle juridique européen de lutte contre la piraterie via VPN ?
Cette décision française pourrait ouvrir la voie à une nouvelle jurisprudence européenne. En reconnaissant la responsabilité des VPN comme intermédiaires techniques, la justice française élargit le champ d’action des ayants droit pour lutter contre la diffusion illégale de contenus.
Jusqu’à présent, les mesures anti-piratage ciblaient principalement les fournisseurs d’accès internet, les hébergeurs ou les services DNS. L’inclusion des VPN dans ce dispositif représente une évolution majeure, qui pourrait inspirer d’autres pays confrontés à la montée du streaming illégal.
Conclusion : un tournant dans la protection des droits sportifs en ligne
La récente ordonnance du tribunal judiciaire de Paris marque un tournant dans la lutte contre le streaming sportif illégal. En imposant aux VPN de bloquer plus de 200 sites pirates, la justice française envoie un signal fort aux acteurs du numérique et du sport.
Si cette mesure soulève des questions sur la protection des libertés numériques, elle illustre aussi la détermination des diffuseurs et des ligues sportives à défendre leurs droits face à la piraterie. Le suivi de la mise en œuvre de cette décision et ses éventuelles répercussions en Europe seront à observer de près.