Faire face efficacement aux défis nationaux et mondiaux
Récemment, la Une de l’Express Tribune a publié les remarques très franches de l’auteur et activiste politique indien Arundhati Roy selon lesquelles le président américain Joe Biden et le président français Emanuel Macron ne soulèveraient pas la question des droits de l’homme avec le Premier ministre Narendra Modi lors de la conférence du G20 en Inde. Malgré tous les discours et leur engagement avoué envers les principes démocratiques de fair-play et d’égalité de traitement des minorités et de liberté religieuse, les pays occidentaux font ouvertement des compromis lorsque les intérêts stratégiques, économiques et politiques entrent en collision. Les États-Unis surveillent de près la conduite du gouvernement chinois concernant son traitement des minorités et soulignent à juste titre les mauvais traitements flagrants infligés aux Ouïghours, qui sont majoritairement musulmans, et à d’autres minorités en Chine. Mais cela fermerait les yeux sur le traitement réservé aux musulmans et aux autres minorités en Inde. La même politique consistant à détourner le regard et à garder délibérément le silence est poursuivie par la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France et d’autres grandes puissances occidentales lorsque des intérêts stratégiques et économiques sont en jeu. Il n’est pas surprenant, bien que regrettable, que les pays musulmans, dont le Pakistan, restent silencieux sur les questions de discrimination religieuse pour des raisons similaires et n’élèvent leur voix que de manière sélective. Ce qui est cependant inquiétant, c’est que le rapport annuel au Congrès sur la liberté religieuse internationale décrit la situation de la liberté religieuse dans chaque pays et répertorie de manière très détaillée la situation des droits de l’homme dans divers pays, notamment en Chine, en Russie et, dans une certaine mesure, en Inde. . Mais rien ne semble dissuader le Premier ministre Modi de poursuivre des politiques hostiles et préjudiciables à l’encontre des minorités.
En Inde, les musulmans constituent 11 à 12 % de la population. Ils sont répartis dans tout le pays et sont majoritaires dans le Cachemire occupé par l’Inde et dans certaines poches du Pendjab indien. Si les musulmans en Inde sont correctement organisés et dirigés, ils peuvent constituer une force politique efficace et pourront s’affirmer pour améliorer leurs conditions économiques. À l’heure actuelle, les musulmans occupent une place modeste dans les couches économiques et sociales de l’Inde. De plus, ils sont confrontés à des discriminations à tous les niveaux et leur pouvoir économique et politique a considérablement diminué. Outre la discrimination d’État, dont le gouvernement BJP est en grande partie responsable, les dirigeants musulmans ont contribué à accélérer le déclin en n’accordant pas la priorité et l’attention voulue à l’éducation technologique et scientifique. Ils n’ont pas non plus réussi à organiser la communauté en une force efficace de cohésion politique. Alors qu’avec un leadership approprié, les musulmans répartis dans toute l’Inde ont le potentiel de jouer un rôle proportionné à leur population qui, selon des estimations conservatrices, s’élève à 160 millions.
Au Pakistan non plus, nous n’avons pas réussi à accorder aux minorités la protection et l’égalité des chances que notre constitution énonce clairement. Plus récemment, des incidents de destruction d’églises à une assez grande échelle ont semé la honte dans le pays. Les informations faisant état d’enlèvements et de mariages forcés de jeunes filles hindoues dans les zones rurales du Sind sont monnaie courante et constituent un triste reflet à la fois de l’État et de la société dans son ensemble. L’aspect le plus inquiétant est qu’il n’y a aucun effort soutenu pour lutter contre ces préjugés et ces mauvaises pratiques enracinés. Se contenter de punir quelques-uns ne sert pas l’objectif de construire une société fondée sur la tolérance et le respect mutuel.
Si l’on considère la scène nationale dans son ensemble, la stabilité et la croissance économique du pays dépendront de la manière dont les dirigeants politiques et militaires guideront le pays à travers ces temps difficiles. Il est crucial que les élections nationales se tiennent à temps et que la normalité soit rétablie afin que le nouveau gouvernement soit en mesure de s’attaquer aux problèmes actuels et à long terme. Plus important encore, il devra faire face à une économie en déclin, à de graves problèmes de sécurité, en particulier à la frontière occidentale, le TTP représentant une menace sérieuse pour la sécurité, ainsi qu’à des problèmes de politique étrangère.
De plus, en raison de mauvaises priorités, d’un leadership faible et d’un environnement international défavorable, les gouvernements successifs ont fait preuve d’une grande désinvolture dans la promotion de l’éducation. En conséquence, nous avons un taux d’analphabétisme très élevé, ce qui représente un énorme fardeau pour la nation. Alors que le monde avance à grands pas et que l’Inde réussit à devenir le premier pays à faire atterrir un engin en toute sécurité dans la région du pôle sud de la Lune, cela nous rappelle à quel point nous sommes à la traîne. Cela nous rappelle également à quel point la connaissance scientifique est si fondamentale pour le développement national. C’est un instrument de changement social et devrait bénéficier d’une haute priorité dans les écoles et les collèges.
La politique passée consistant à considérer les problèmes nationaux majeurs uniquement sous l’angle de la sécurité a produit une dynamique problématique et doit être revue. Il faut se concentrer davantage sur le développement économique, la stabilité politique et l’amélioration de la vie de la population.
Comme je l’ai écrit plus tôt également, nous devons repenser la mise en place d’un dispositif intérimaire avant les élections. Répond-il réellement à l’objectif pour lequel il a été introduit ? En fait, sa forte dépendance à l’égard des institutions donne à ces dernières davantage de pouvoir pour influencer les événements. En outre, un temps précieux au niveau national est perdu dans la transition avec des décisions importantes gelées et un état de suspense. Si les démocraties matures que sont les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Inde sont capables d’organiser des élections libres et équitables sans gouvernement intérimaire, il n’y a aucune raison pour que nous n’y parvenions pas. Il s’agit peut-être d’une légère digression, mais il est important de souligner que notre expérience d’organisations supplémentaires ou parallèles telles que le National Accountability Bureau (NAB) a été décevante. Ici aussi, il fallait renforcer le système judiciaire existant et créer un environnement dans lequel les institutions fonctionnent conformément aux préceptes de la Constitution. Le présent et l’avenir du Pakistan dépendront en grande partie de l’efficacité de nos dirigeants à résoudre ces multiples problèmes et à diriger le pays en ces temps difficiles.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer l’évolution rapide de l’environnement mondial qui oblige le gouvernement et le secteur privé à se concentrer sur de multiples développements, au premier rang desquels figurent la mondialisation, la révolution informatique, l’inflation incontrôlable, la demande croissante d’énergie et l’impact du changement climatique.
Cet article est initialement publié sur tribune.com.pk